Les chiffres sont clairs:

  • 75 % de l’énergie consommée pendant le cycle de vie d’une lessive provient de l’énergie consommée pendant le lavage. [étude Procter & Gamble (Ariel and co) - données Europe de l’ouest]
  • Un cycle de lavage à 30°C consomme deux fois moins d’énergie qu’un cycle à 60°C, et trois fois moins d’énergie qu’un cycle à 90°C. [données Ademe]
  • 80 % de l’énergie utilisée par un lave-linge sert à chauffer l’eau. [données Ademe]
  • En moyenne, 7% de la consommation électrique des ménages est dédiée à la machine à laver le linge. [données Ademe]

Pourtant…

Parfois, un lavage à chaud sera plus écologique qu’un lavage à froid !

Si !

Pourquoi ?

D’un point de vue physico-chimique, pour détacher la saleté du linge il faut casser la liaison qui les lie l’un à l’autre… pour effectuer cela il faut un apport d’énergie. (En gros il faut un grand coup de marteau pour casser une brique… un grand coup d’énergie !)

Donc… soit vous apportez cette énergie sous forme thermique (eau chaude) et mécanique (balles de lavage)… soit vous vous rabattez sur une énergie chimique, autrement dit une lessive plus efficace / agressive.

Les bénéfices de l’eau chaude sur l’eau froide

1- L’eau chaude lave mieux que l’eau froide parce qu’elle rend les détergents plus aptes à détacher les salissures du tissus.

L’eau chaude - grâce à son apport énergétique - affaiblit les liaisons moléculaires tissus/saletés, ramollie les salissures, augmente l’action mouillante de l’eau par diminution de sa tension de surface et accélère toutes les réactions physico-chimiques liés aux détergents. (On considère que la vitesse d’une réaction chimique double à chaque fois que la température augmente de 10 °C.)

Petite question en passant : avez-vous déjà essayé de faire votre vaisselle à l’eau froide ? Pas glop, n’est-ce pas ?!

2- Et les bactéries, bordel !

Parce qu’on ne lave pas seulement pour enlever les taches… mais aussi pour limiter la prolifération bactérienne dans certains tissus !

Selon une étude réalisée par l’Institut Pasteur, le linge lavé à 30 °C contient seulement dix fois moins de micro-organismes qu’avant le lavage. Contre 500 fois moins après un lavage a 40 °C.

Et l’eau chaude - contre les bactéries - sera toujours une solution plus eco-friendly que la javel ou tout autre produit de guerre bactériologique !

Lessive anti-bacterienne ?

Traduisez : une bonne dose de perborate ou de percarbonate - qui libère de l’eau oxygénée - associée à une dose massive de tetracétyl éthylènediamine (TAED), l’activateur du percarbonate. (Très très polluant !)

Ce sont les fameuses lessives à oxygène actif.

Le froid aussi présente des avantages

Si le chaud tend à raccourcir les fibres naturelles (le coton, par ex.) et à froisser les fibres synthétiques, le froid - lui - protège les couleurs…

Eau froide vs eau chaude : récapitulatif

Température de lavage dépenses énergétiques action antibactérienne doux avec le linge efficacité des tensioactifs libération d’oxygène actif
20°C et moins La majorité des détergents ont tendance à figer vers 18°C. 

Faire sa lessive à 20°C ou à 15°C présente donc des problèmes de dissolution des tensioactifs dans l’eau.

30°C ++ + ++++++ ++ 0
40°C ++++ +++ +++ ++++ +
60°C ++++++++ ++++++ + ++++++++ ++++++
90°C et plus
Oh ! Faut pas déconner quand même ! 

De toutes façons : soit ton linge ne le supporte pas, soit l’ajout d’oygène actif (blanchissant et désinfectant) - sans activateur et à 60°C - suffit à offrir un linge impeccable.

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Lessives efficaces à froid ?

Lorsque les fabricants de lessives ont commencé à s’intéresser à ces histoires de température de lavage, ce n’était pas pour l’environnement. A l’époque, les lessiviels ont surtout cherché à adapter les conditions de lavage à la fragilité grandissante des tissus (c’est l’arrivée des polyesters, viscoses… ). Ainsi, ils ont renforcés l’énergie chimique des lessives, de façon à pouvoir diminuer les agressions thermiques subit à chaque lavage par les vêtements.

Qu’est-ce qui rend les lessives du 21e siècle efficaces à froid ?

  • Les enzymes - obtenues grâce à des micro-organismes génétiquement modifiés. La recherche, dans ce domaine, s’intéresse d’ailleurs de plus en plus aux enzymes qui aiment les milieux extrêmes : très alcalins (basiques) et froids.
  • Les activateurs qui permettent la libération d’eau oxygénée dès 40°C - Très Polluants !
  • Les azurants optiques - non biodégradables, ils s’accumulent dans nos sols et nos cours d’eau.
  • Les anti-calcaire qui rendent les détergents plus efficaces en eau dure (donc plus efficace tout court !). Les plus utilisés étant les phosphates et les phosphonates, qui surchargent l’environnement en phosphore, provoquant ainsi un phénomène d’eutrophisation (asphyxie) des sols et des points d’eau.
  • Les tensioactifs éthoxylés - Ainsi transformés, les tensioactifs deviennent plus mouillants, et moins susceptibles de figer à basse température. D’un point de vue environnemental, ces composés éthoxylés présentent une forte toxicité pour les milieux aquatiques. (Ce qui reste assez logique puisque qu’ils sont - plus que les autres - actifs à température ambiante… ) De plus, leur procédé de fabrication implique l’utilisation d’un gaz très réactif, extrêmement toxique, cancérigène et mutagène : l’oxyde d’éthylène.

Pour en savoir plus sur tout ceci, consultez notre article précédent : Liquide, poudre, blanc, couleurs, délicat… bien choisir sa lessive.

Conclusion

Au final, malgré les arguments écolo-parce-que-moins-de-dépense-d’énergie que nous servent les publicitaires pour leurs lessives industrielles qui lavent toujours plus blanc avec de l’eau toujours plus froide… l’eau chaude, en vrai, c’est quand même pas si mal !

Oui, mais toute cette énergie quand même !!

Quelques pistes :

  • Un jeans n’a pas besoin d’être lavé après avoir été porté une seule journée ! Moins de lessives = moins d’énergie, moins d’eau, moins de détergent, des vêtements qui s’abîment moins vite, etc.
  • Une lessive pleine charge consommera toujours moins d’énergie que deux lessives en demi-charge.
  • Si les détergents inoffensifs pour l’environnement, on ne sait toujours pas faire… l’énergie écologique, en revanche, on commence à savoir faire ! Pensez panneaux solaires, éoliennes, quitter EDF pour enercoop, etc.
  • Le sèche-linge, on évite autant que possible. (14% de la consommation électrique des ménages, à lui tout seul ! [données Ademe]) (Sinon, sachez que l’essorage par le lave-linge consomme moins d’énergie que le séchage par le sèche-linge. Donc à utiliser un sèche-linge, pensez - si votre linge le supporte - à régler votre essorage préalable sur « musclé ».)

Le matériel, ça compte aussi :

  • d’abord, on choisit bien sa lessive !
  • ensuite, on choisit bien sa machine à laver : étiquette énergie A+++, fonction capacité variable automatique ou demi-charge qui adapte la quantité d’eau à la quantité de linge (moins d’eau à chauffer = moins d’énergie consommée), double alimentation eau chaude/eau froide (rare en France), etc.
  • enfin, on oublie pas l’existence de la touche « cycle court ».

Et, en guise de comportement écolo : on adapte, on adapte, on adapte… !!

  • 30°C, c’est parfait pour les pulls, tee-shirts, jeans, couvertures, écharpes, bonnet, jupes, shorts, les soutien-gorge, joggings… et tous vos petits trésors trop fragiles pour supporter plus.
  • 60°C,  c’est bien pour les petites culottes de Madame et les caleçons de Monsieur, les chaussettes, les mouchoirs et protèges-slips en tissus, les torchons, les serviettes de toilette, les draps (mais pas forcement la housse de couette, surtout si comme moi vous utilisez drap + couette dans sa housse… ), les vêtements de travail pour qui travaille en cuisine ou en milieu hospitalier… en gros, tout ce que nos grand-mères nommaient le blanc et qui nécessite un nettoyage antibactérien.
  • 40°C, convient aux linges qui ne supportent pas le 60°C, mais dont l’usage induit un « 30°C, c’est pas assez ». (Souvent, ce sont les sous-vêtements et les tee-shirts dans lesquels on a bien transpiré… )

Enfin - pour éviter l’effet « je mets plus de détergent et je lave plus chaud parce que sinon mon linge y pue » - on prend soin de sa machine :

  • une fois par mois, on jette un coup d’œil au filtre de son lave-linge,
  • deux fois par an, on lance sa machine, à vide - à 90°C - sans lessive mais avec du vinaigre blanc (½ litre que l’on verse directement dans le tambour) (et en désactivant la phase d’essorage qui, bien sûr, serait totalement superflue… ) afin de désinfecter la machine à laver et d’éliminer les résidus de savons et de calcaire qui auraient pu s’installer.

Pour aller plus loin :